La Finance Islamique repose sur les principes de la Charia, la loi islamique, et met l’accent sur la conformité aux principes éthiques et moraux de l’Islam, qui visent à garantir la justice et l’équité dans les transactions financières. Dans ce système, la conformité à la Charia est primordiale et se traduit par des normes éthiques et morales strictes.

Dans la Finance Islamique, les transactions financières sont structurées de manière à ce que l’argent n’ait pas de valeur intrinsèque en soi – l’argent n’est pas un actif financier à fructifier mais plutôt un outil pour favoriser les échanges commerciaux et faciliter les activités économiques.

Ainsi, l’accent est mis sur le partage des risques et la promotion du bien social. Les financiers, qui fournissent le financement, ne sont pas des créanciers traditionnels cherchant un retour financier garanti sous forme d’intérêts ou de frais financiers. De même, il est essentiel de faire la distinction entre l’intérêt et le bénéfice dans la Finance Islamique. L’intérêt financier implique la création d’argent à partir de l’argent, ce qui est strictement interdit, tandis que le bénéfice financier se réfère à la différence de valeur commerciale dans des transactions réelles et est donc permis dans le cadre de la Charia.

La Finance Islamique émerge de la branche de la Charia appelée “Muamalat”, qui régit les pratiques quotidiennes entre les acteurs économiques, et permet ainsi l’intervention de personnes de toutes confessions et convictions. Cette branche qui traite des activités économiques est donc distincte de celle connue sous le nom de “Ibadah”, qui régit la relation avec Dieu le Tout Puissant et est par conséquent réservée aux musulmans.

Les principes de la Finance Islamique sont résumés ci-dessous:

  1. Transactions en conformité avec la Charia (utilisation de contrats islamiques) :

Les contrats islamiques sont des contrats spécifiquement conçus pour être conformes à la Charia. Les contrats les plus couramment utilisés dans la Finance Islamique comprennent :

    • Moudaraba : contrat de partenariat où un investisseur fournit le capital et l’entrepreneur apporte son expertise, son temps et ses efforts; les bénéfices sont partagés selon une répartition préalablement convenue, mais en cas de pertes, l’investisseur risque de perdre son capital tandis que l’entrepreneur peut perdre son temps et ses efforts,
    • Moucharaka : toutes les parties contribuent aux fonds et partagent à la fois les bénéfices et les pertes. Les bénéfices sont répartis selon une clé de répartition convenue, tandis que les pertes sont absorbées proportionnellement en fonction de la contribution de chaque partie,
    • Mourabaha : une vente avec une marge bénéficiaire convenue,
    • Istisna : accord de vente anticipée pour la fabrication de biens selon des spécifications convenues,
    • Ijara : contrat de location, suivi d’une une possibilité de rachat du bien par le débiteur avec le contrat Ijara Mountahia Bittamlik « IMB »,
    • Sukuk : obligations islamiques,
    • Salam : contrat de vente avec livraison différée.
  1. Transactions basées sur des activités réelles :

Conformément à la Charia, l’argent ne peut être généré sans “travail”. Toutes les transactions doivent être basées sur une activité économique réelle. Les investissements doivent être réalisés dans des actifs réels et durables, directement ou indirectement, et les transactions doivent également être adossées à des actifs réels. Par conséquent, il est interdit de créer de la richesse sans une transaction réelle.

  1. Partage des profits et des pertes :

Les principes de la Finance Islamique encouragent le partage des risques entre les parties prenantes. Par conséquent, les contrats financiers islamiques sont basés sur des partenariats qui favorisent la responsabilité partagée et l’alignement des intérêts entre les contractants.

  1. Interdictions :
    • Interdiction de l’intérêt financier (riba) : Dans la Finance Islamique, le riba c’est-à-dire l’intérêt financier, est strictement interdit. La forme de riba ici visée fait référence à une augmentation du capital sans aucun service réel fourni, ou à la croissance de l’argent par le simple passage du temps. Le riba est interdit des deux côtés de la transaction – donner aussi bien que prendre. Selon la Charia, l’intérêt est considéré comme injuste car il favorise l’exploitation financière et crée des inégalités économiques. Au lieu de cela, les transactions doivent être basées sur des partenariats avec partage de bénéfices et pertes ou sur une activité commerciale comme la vente avec marge bénéficiaire, la location avec la possibilité de vente, la vente au compte avec livraison future, etc.
    • Interdiction des transactions spéculatives (gharar et maysir): La Charia interdit les transactions comportant une incertitude excessive (gharar) et le jeu de hasard (maysir). Cela inclut la pure spéculation, le jeu de hasard, les transactions spéculatives, les produits dérivés.
    • Interdiction des entreprises ou industries haram (illicites): Les exemples incluent les entreprises qui tirent un revenu significatif (défini comme plus de 5 % de leur revenu total) de la transformation ou de la vente d’alcool, de tabac ou de porc. D’autres industries interdites sont les firmes financières qui facturent ou paient des intérêts, les compagnies d’assurance classiques, les jeux de hasard ou toute activité similaire, la défense et l’armement privé, toute activité portant atteinte à la dignité humaine comme la pornographie, la prostitution, etc.

Les directives de l’AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions) recommandent également de ne pas investir dans les entreprises dont les ratios de dette porteuse d’intérêts sont supérieurs à 30 % du bilan, dont les ratios de créances clients sont supérieurs à 45 % du bilan, ou dont le revenu d’intérêt est supérieur à 5 % du chiffre d’affaires.